Professeure : Rachel Rajalu
Spécialité du cours : Philosophie
Cours théorique
Activité obligatoire
Semestres 5 et 6
Durée : 1 h 30 par semaine
Calendrier : jeudi matin (option Art) – vendredi après-midi (option Design)

OBJECTIFS
Comprendre les enjeux politiques actuels liés à nos usages diversifiés des espaces publics ; interroger la pertinence et la valeur politique des interventions artistiques et des projets de design en milieu urbain ; appréhender les passages possibles entre les espaces publics (au sens de territoire) et l’espace public (au sens d’espace politique d’échange et de circulation d’idées) par les créations artistiques et de design.

CONTENU
Depuis le début du XXe siècle, avec une accentuation dans les années 1960, confirmée à partir des années 1980 par le soutien des politiques culturelles, les artistes et les designers investissent les espaces publics (lieux de passages et de rassemblement en principe accessibles à tous et gratuits – jardins, rues, places). Désireux de sortir la création des institutions muséales, de la mettre en partage avec un large public, d’explorer des expériences in situ ou en contexte et d’appréhender ou d’aménager les espaces communs autrement, artistes et designers questionnent et critiquent par leurs pratiques les formes de la mobilité, de la citoyenneté et de l’habiter. En déplaçant les usages, les cadres, le mobilier, les formes d’appropriation et les seuils ordinaires des espaces publics, en proposant d’activer leurs aspects sensibles et poétiques, ils tentent d’apporter des expériences et des outils pour construire et vivifier de nouvelles manières d’entrer en contact avec notre environnement et d’être ensemble. Ces projets suscitent alors parfois des modes de publicisation et de débats publics plus horizontaux et en conséquence semblent pouvoir contribuer au développement des pratiques démocratiques. Nous nous intéresserons à ces pratiques en les mettant en perspective avec les problèmes que traversent les démocraties de notre temps (crise de la représentation / crise de l’engagement / crise de la confiance politique / crise sanitaire) dans une perspective critique. Lors de notre parcours, nous interrogerons en effet les écueils et les ambiguïtés contenus dans ces tentatives d’esthétisation du politique d’une part et de politisation de l’art d’autre part, deux tendances qui risquent de faire basculer ces projets dans des formes artificielles et illusoires de mise en commun.

MÉTHODE
Le cours s’appuiera sur l’analyse d’expériences artistiques et de design dans les espaces publics et la lecture de textes de références sur la question.

ÉVALUATION
Présence régulière, investissement, qualité et pertinence de la participation orale, exposés.

BIBLIOGRAPHIE

• Paul Ardenne, Un art contextuel, création artistique en milieu urbain, en situation, d’intervention, de participation, Paris, Flammarion, 2009.
• Marc Augé, Non-lieux, Introduction à une anthropologie de la surmodernité, Paris, Seuil, 1992.
• Hannah Arendt, La condition de l’homme moderne, Paris, Pocket, 2002 (1958).
• Daniel Buren, À force de descendre dans la rue, l’art peut-il y monter ?, Paris, Sens et Tonka, 1999.
• Cynthia Fleury, Les Pathologies de la démocratie, Paris, Fayard, 2005.
• Hal Foster, Design et crime, Paris, Les Prairies ordinaires, 2008.
• Anne Gonon, Tout ouie, la création musicale et sonore en espace public, Montpellier, L’Entretemps, 2016.
• Jürgen Habermas, L’Espace public : archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise, Paris, Payot, 1988 (1962).
• Sandra Laugier et Albert Ogien, Le Principe démocratie. Enquête sur les nouvelles formes du politique, Paris, La Découverte, 2014.
• Stéphanie Lemoine, L’art urbain, du graffiti au street art, Paris, Gallimard, 2012.
• Stéphanie Lemoine et Samira Ouardi, Artivisme, art militant et activisme artistique depuis les années 60, Paris, Alternatives, 2010.
• Thierry Paquot, L’espace public, Paris, La Découverte, 2015.
• Bernard Stiegler (dir.), Le design de nos existences, Paris, Mille et une nuits, 2008.